2008 / adhésif
Chapelle Saint-Drédeno - Saint-Gérand
Entrer en confrontation avec l’espace, s’y glisser et l’habiter, l’intervention X Lines, s’inscrit dans ce rapport.
Faire rentrer un X. Multiplier une forme jusqu’à en envahir l’espace. Pensée dans une logique minimaliste et structurelle, l’installation se présente alors à la fois rigide et souple, tendue et ondulante.
Jenna Darde
Dans la lignée des réflexions de Georges Perec sur les espaces, la condition du mur et du tableau, Eric Gouret entre en confrontation directe avec les espaces et surfaces physiques des lieux d’intervention.
Axé sur un travail de dessin, il utilise souvent des matériaux légers tels que le Scotch, s’inscrivant, et se prolongeant dans des logiques d’installation.
Ses interventions soulignent ou rehaussent, décalent ou perturbent l'architecture des sites sur lesquels il intervient.
Entrer en confrontation avec l’espace et l’habiter, le temps d’une intervention, tout en donnant à voir une autre vision du lieu.
X Lines à la chapelle Saint-Drédeno, s’inscrit dans ce rapport.
Faire rentrer un X. Multiplier une forme jusqu’à en envahir l’espace.
Composée de bandes de Scotch tendues saturant la nef de cette chapelle, cette structure joue avec le lieu et ses circulations, elle démultiplie les points d’accès et de vues.
Notre première approche avec l’œuvre s’inscrit dans une frontalité, un rapport de proximité physique, engendrant des déplacements limités dans un espace réduit.
Bloqués, nous sommes donc invités à trouver d’autres points de lecture par un accès différent, sortir, faire le tour de l’édifice et par là même découvrir son environnement extérieur.
Eric Gouret dépasse ainsi les limites du lieu, nous donnant de nouvelles règles propres à l’installation et à sa situation. Temps de pause important dans notre découverte, deux petites portes latérales nous permettent alors de rentrer de nouveau. Glissement vers une circulation colorée.
Par la juxtaposition de l’orange et du noir, se trouvant ici rehaussés, l’artiste établit une dialectique « ping-pong » avec les statues polychromes de la chapelle, particulièrement avec ces deux saint-jumeaux.
Toujours dans ce rapport de dualité, l’installation se présente à la fois rigide et souple, tendue et ondulante. Marquant le lieu dans une logique minimaliste, X Lines nous donne l’image d’une sculpture porteuse étayant l’espace.
Dégagée du mur, elle nous apparaît alors comme une sorte de module spatial flottant, un cerf-volant.
Certains points de vue nous donnent l’illusion de profondeur, la construction d’un quadrillage, l’entrecroisement de formes dessinant le vide nous rapprochent d’une simulation d’architecture 3D. On peut ainsi imaginer voir cette structure comme une base, multipliable à l’infini, étirable, compactable, pouvant se déployer et évoluer vers de nouvelles perspectives.