PERPENDICULAIREMENT // PARALLÈLE

Le principe intellectuel et formel de ce projet prend pour point d'encrage un jeu populaire et identifiable par tous : le jeu de domino.

Dans sa forme classique, il se compose de 28 pièces. Ces dernières sont facilement reconnaissables à ces pastilles noires sur blanc au nombre variable – de 1 à 6 – qui s’organisent de part et d’autres d’une ligne centrale. Au fil du jeu, les pièces s’associent pour former une chaîne par rapprochement d’un nombre de points identiques. A l’issue du jeu, une forme à la fois construite et aléatoire se déploie sur la table de jeu.

En prenant comme prétexte le jeu de domino, je souhaite constituer une collection de parties jouées entre deux ou plusieurs artistes. Chaque composition sera donc liée à un moment particulier de rencontre autour de ce jeu. Dès lors, le jeu sera aussi envisagé comme un espace de création à part entière où toutes sortes de combinaisons pourront être inventées, expérimentées et déclinées.
Ces constructions de jeu donneront naissance à de nombreux dessins qui s’accompagneront d'une base documentaire autour des moments du projet (notes, photographies, contrat entre joueurs, ...). Le projet repose sur des valeurs participatives qui inscrivent ma pratique dans une relation avec celle d’autres artistes qui me sont proches.

Propice à l'échange, la rencontre et la discussion, l'organisation même de ce travail révèle le jeu et les enjeux de l'élaboration d'une œuvre. Quelles décisions prendre ? Par quoi est motivé un choix ? Ces dessins qui résultent des parties jouées m’intéressent en tant que traces d’un processus, ici celui du jeu. Cette dimension processuelle peut-être mise en parallèle du processus de création. Les étapes du jeu ont une proximité avec le temps de l'élaboration d'une pratique artistique qui se construit elle aussi pièces par pièces. J’aime l’idée que dans « Perpendiculairement // Parallèlement » mon rôle est autant celui du décideur que de l’intermédiaire. Ma fonction peut ainsi varier d’une étape à l’autre et j’endosse tour à tour la casquette d’artiste-concepteur, de coordinateur du projet, de commissaire ou de médiateur.

Ces principes de va-et-vient entre le dedans et l’à côté, entre la superposition et le décalage, entre la règle et la tricherie, très présents dans ce projet, constituent également les préceptes de mon travail.